Il semble qu'extérieurement le Trokonet ne présente pas de particularité remarquable par rapport aux autres détectives et que la différence soit dans le mode de chargement des surfaces sensibles.

Le modèle N° 1 utilise des pellicules 8,5 x 8,5 cm, alors que le N° 2 permet l'utilisation de pellicules ou de plaques 12 x 15 cm. 

A défaut d'une illustration,en voici une description :

Bulletin de la Société Française de Photographie 1895

Le Trokonet,  chambre détective américaine à magasin, employant des pellicules coupées ou des plaques

par M. F.-M. Richard.

Communication faite à la séance du 7 décembre 1894.

Il est un fait bien connu et indéniable, c'est la supériorité des pellicules, coupées aux grandeurs photographiques habituelles, sur les pellicules en rouleaux. Ces dernières offrent sans aucun doute de plus grandes difficultés de fabrication, et alors que les fabricants spéciaux livrent aux amateurs les premières de qualité presque égale aux plaques des meilleures marques, ils ne peuvent garantir au même degré les secondes, lorsqu'elles sont en rouleaux de plusieurs mètres. Une plume plus autorisée que la mienne traitera, je l'espère, cette question quelque jour pour notre instruction à tous. Je ne puis que constater le fait et je ne l'ai rappelé que pour expliquer l'intérêt qui s'attache aujourd'hui aux appareils photographiques dans lesquels on emploie des pellicules coupées, à cause de leur légèreté et du nombre de clichés que l'on peut facilement transporter.

Le Trokonet est une chambre de ce genre. Il se présente sous la forme de la traditionnelle chambre détective garnie en peau. L'objectif est un rectilinéaire double symétrique rapide ; l'obturateur fait la pose et l'instantané à la main, et, quoique le mécanisme soit un peu différent de ceux connus, il ne présente rien d'absolument remarquable. On peut simplement dire que tous ces organes sont de bonne fabrication et donnent d'excellents résultats.

La grande originalité du Trokonet réside dans le magasin des plaques sensibles et dans les pellicules elles-mêmes.

Celles-ci sont livrées montées chacune contre un carton noir épais sur lequel elles sont fixées (au moyen d'une bande métallique rabattue. Elles sont donc parfaitement planes, opaques et solides. Elles portent sur deux côtés opposés des encoches dont nous verrons le rôle plus loin. Elles sont vendues en paquets de 30 dans une boîte, et, pour les placer dans la détective, il suffit de poser le paquet dans le magasin sans qu'il y ait besoin de porte-plaques en métal. On coupe la ficelle du paquet dans le laboratoire, on déplie et l'on enlève l'empaquetage, et l'on met tout simplement les 30 pellicules dans un compartiment de l'appareil. On referme celui-ci, on fait l'exposition de la façon habituelle et, pour changer la plaque faite, on tourne sur elle-même une clef analogue à celle d'un châssis à rouleau. Le cliché exposé est enlevé de son compartiment et porté dans un autre.

Ce déplacement de la pellicule impressionnée se fait de la façon suivante :

Le compartiment aux pellicules étant face à l'objectif, sur la clef dont je viens de parler, est calé une sorte de cadre métallique; l'axe de la clef forme le bas de ce cadre et porte deux taquets. Le magasin retient les pellicules au moyen de quatre agrafes métalliques ; mais chaque pellicule étant munie elle-même de quatre encoches, il suffit de la faire glisser individuellement et de la déplacer de 5 mm environ pour que, les encoches venant en face des agrafes, la pellicule se trouve libre de quitter le magasin.

Le fonctionnement se produit alors ainsi : lorsque la plaque est impressionnée, en tournant la clef, les deux taquets viennent soulever la pellicule qui se dégage du magasin, mais se trouve pincée dans le cadre rectangulaire calé sur la clef ; ce cadre, mu par la clef, emporte la pellicule et va la placer dans le compartiment des plaques faites; arrivé là, un déclic libère la plaque qui quitte le cadre. En tournant la clef en sens inverse, on ramène le cadre, qui vient saisir à nouveau une pellicule du magasin. Chaque cliché s'abat donc comme le feuillet d'un livre, mais pas par son poids, mais par le cadre métallique qui s'en empare et ne le lâche que lorsqu'il est mis en lieu sûr.

Lorsque, au lieu d'employer des pellicules, on veut employer des glaces, il faut substituer aux premières des châssis de tôle portant les encoches nécessaires au dégagement ; ces châssis reçoivent des glaces au gélatino-bromure et le fonctionnement général est absolument le même.

Le Trokonet est certainement un des appareils les plus ingénieux que nous ayons vu, au point de vue du système du magasin et de celui de l'escamotage des clichés impressionnés. Il est d'un prix peu élevé et vient prendre une place très honorable parmi les nombreuses chambres détectives en usage aujourd'hui.